Pourtant, le noir est la seule couleur qui possède cette particularité d'à la fois cacher et sublimer les objets qu'on lui offre. Pour moi, il est tout : la simplicité, l'élégance, le mystère.
Pour faire du noir une couleur de lumière, voici une série de photos que je trouve étonnante. C'est la première fois que l'éclairage rend pareil résultat. Étrange et vaporeux... La photographe n'aime pas. Moi, j'adore. Et j'espère qu'il en sera tout autant pour vous.
Mon noir s'est teinté de bleu. Révélé par la lumière gelée, il change, se meut.
Les plis d'une jupe le tordent, lui font cracher des reflets. Luisant. Grâce à eux, des couleurs cachées apparaissent, se multiplient. Il n'est plus seulement une surface plane, et je ne suis plus un aplat foncé qui se découpe du paysage.
Au creux de minuscules interstices de la maille dorment ces peluches d'un noir plus profond, plus pur. Doucement, se détachent, en flocons tombent jusqu'au sol.
Décidée à m'enfouir dans la couleur, j'attrape une écharpe épaisse comme un nuage d'orage.
Je prends mon envol.
Ainsi parée dans l'espace, je disparais parmi les étoiles. Baignée dans un monde de formes intenses, je danse... Je suis devenue le noir.
Même pas considéré comme un couleur. Etrange, mais que porte-t-on alors ? Un truc.
Mais le noir n'est pas seulement ce truc sur lequel on se rabat le matin quand on ne sait pas quoi mettre. C'est plus que cela. Cette couleur qui n'en est pas une est capable d'opérer, avec les bons ingrédients, une sorte de magie visuelle.
Utilisée à tort, elle n'affine pas plus qu'une autre couleur. Car même avec elle-même, elle doit savoir s'accorder.
D'ailleurs, les tenues entièrement noires très réussies ne courent pas tant les rues. Celle-ci ne se veut pas "exemple-suprême-d'une-perfection-d'ébène". Elle me semble juste constituer un bon exemple de silhouette "texture", pour commencer cette semaine monochrome.
Pour réussir un total-look noir, le plus important est de varier les matières.
Règle n°1 : Éviter l'effet "chaussette intégrale" en portant uniquement du jean ou du coton. Le but n'est pas d'uniformiser la silhouette, mais de l'approfondir. Pour dialoguer avec la couleur, il faut pouvoir distinguer chaque vêtement les uns des autres. Posez-vous la question de la lumière : est-ce que ce pull accroche ou non ? Si oui, il doit être associé avec une autre pièce qui, au contraire, l'absorbe (afin d'éviter l'effet "huilé de la sardine"). Sans prendre en compte les jeux de transparence, il existe une infinité de noirs : à vous de trouver les bons.
Je n'ai pas pour habitude de me fixer des limites en matière d'habillement, mais c'est loin d'être le cas de tout le monde. Donc on précise que comme on a qu'une seule couleur, il ne faut pas lésiner pas sur les textures. Dussé-je porter des plumes sur les bras si l'envie m'en prenait ! .... .. Comme je n'ai pas trouvé d'autruche sympa disposée à prêter son plumage, j'ai choisi pour cette tenue du simili cuir un peu laqué qui abreuve en brillance, de la grosse maille, ainsi que fourrure et cuir texturé des bottes - quand bien même j'aurais préféré une belle paire d'escarpins vernis ou à moumoute, on fait avec les moyens du bord -
Ensuite, travailler les volumes. Varier les coupes. Sans vous faire le speech classique sur les bienfaits des associations long/court, moulant/large.. etc, car je suis tout à fait persuadée qu'un look composé uniquement de pièces larges ou courtes peut fonctionner. L'affaire est évidemment plus délicate, mais jouable, tout est une question d'équilibre. Il faut voir. On reste quand même dans du classique aujourd'hui, il faut dire que je n'avais pas vraiment réfléchi à la tournure de l'article avant de composer le look. Une jupe longue, couverte par un pull au col abyssal (un peu long aussi), puis des chaussures "qui-font-des-gros-petons". Le tout assez oversize, mais bien géré, je pense, grâce aux plis de la jupe qui se déploient en marchant (ou en tournant comme Cendrillon, seule dans son jardin... ...)
Ainsi, pièces et matières se télescopent.
J'allais presque oublier un truc : mixer les styles. Je ne le répéterai jamais assez - mais qu'est-ce qu'elle peut être pénible, bon sang ! -. Le trop classique fait vite mémère, le sportswear donne l'impression qu'on vient de poser en pyjama ses gamins à l'école, le trop de gothique fait ... gothique.
Et puis, n'oubliez pas de sourire, qu'on ne vous adresse aucune condoléances.
Voilà.
Journée accompagnée d'un repas qui fait broyer du noir .. :
riz noir aux algues wakamé, sel & poivre noir, olives noires
réglisses & myrtilles
Résultat ? Le repas était passablement mauvais (pour ne pas dire dégueulasse) : un goût trop fort et trop salé, avec des algues wakamé que je ne sais décidément absolument pas cuisiner... Une fois, pas deux.
Une sensation noire : émerger du sommeil un matin d'hiver, quand au moment d'ouvrir son store, le soleil n'est pas encore levé.
Un parfum noir : j'aime l'odeur du métro lyonnais, mais seulement celle, un peu brumeuse, de la ligne C !
Ce premier monochrome vous a-t-il plu ?
On se revoit mercredi !
xo.
Artemisia
Le noir le plus pur est celui que l'on peut contempler tout au long de la journée depuis la Lune
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