Quand je m'habille, c'est pour rêver.
Ce qui est formidable avec les vêtements, c'est de pouvoir être tour à tour pirate, poupée, geisha, petit prince. En m'habillant, j'ai 10,12, 90 ans, visite des contrées mystiques, invite des gens imaginaires à boire le thé, fume du coquelicot et de la violette.
Faut être un peu frappé, non ?
Qu'est-ce que vous voulez ? ... Je suis certainement tombée dans une marmite de potion magique étant petite. Alors quand je tente de reproduire une recette vestimentaire, les mélanges sont un peu dissous & farfelus...
Ma manière ?
- Prendre tout et n'importe quoi dans l'armoire (et pas que) : tulle par étages, losanges de velours, chaussettes à doigts de pieds, sandales poilues et chemises étrangement découpées..
- Les mettre dans le blender à vêtements (mon usine de cerveau), et faire des smoothies.
... savoureux !
Si j'aime certains styles, c'est toujours par touches que je les utilise. Je ne tiens pas à être entièrement minimaliste, gothique ou psychédélique. Pour avoir du style, il me faut du volume, de la différence dans une même silhouette.
C'est pourquoi je vais piocher partout. Une chemise chez les bûcherons et un gilet romantique, mariés par une ceinture de l'armée rouge ? Pourquoi pas. Ces trois symboles ne deviennent véritablement intéressants qu'une fois assemblés et mis en forme.
Ils agissent comme raccords des petits bouts de culture que chacun porte en soi.
Quel sens à tout ça ? Aucun en particulier, si ce n'est que je conçois mes tenues comme des cartes. Le monde est un incroyable patchwork d'influences. Il n'est jamais tout noir ni tout blanc.
J'assemble des vêtements de façon à raconter des histoires, apporter des références à mélanger pour créer une image. Et celle-ci est perçue différemment, tout comme le monde est vu d'autant de manières qu'il y a de regards. Chacun imagine ce qu'il veut autour d'une seule association, là est la véritable richesse du style.
D'ailleurs, je ne pense pas qu'il soit possible "d'avoir du style" sans s'aventurer hors des clous. Avoir un style, oui. Le style d'une tenue trop uniforme, qui catégorise aux yeux des autres. On sait que la panoplie du punk marginalise, tandis que le smoking cartonne à un univers précis... et ainsi de suite.
Or, une personne n'est pas uniforme. Elle est imprégnée, même malgré elle, de tout ce qu'elle a rencontré. "Avoir du style", c'est avoir plusieurs choses en soi, et pouvoir les refléter.
Je pense que savoir mélanger les styles est une ouverture d'esprit. Il ne s'agit pas de s'habiller pour les autres, afin d'appartenir à un groupe social, mais d'aller plus loin. Chercher, assembler, découvrir, ... se planter ! Jouer avec son image. L'autodérision est une forme des défense très efficace.
C'est peut-être la raison pour laquelle on dit que le style ne se démode pas. Car il est signe d'une évolution, d'un pas vers l'avant et vers les autres. Même si cela n'est pas toujours perçu comme tel (tout le monde ne suit pas la même philosophie), la différence ayant plutôt tendance à rebuter.
Voici une tenue qui fait le tour du monde.
Une chemise qui transporte jusque dans les grandes forêts du Canada (Brandy Melville)
Le vieux pull d'un mousse sommeillant au fond des cales d'un navire marchand (Cyrillus)
Un tutu qui nous fait cheminer le temps de quelques pas aux côtés des danseuses du Bolchoï (Molly Bracken)
La ceinture du soldat crevant de froid dans sous la glace de l'URSS
Parée de gants en cuir,
j'enfile une chemise de dentelle comme un gilet (Molly Bracken),
porte un collier en perles plastiques. Parodique.
Sans oublier une paire de collants (Falke) couverts de guêtres (Bonnie Doon), pour ne pas geler en passant par les pays du Nord (rendre visite au père Noël).
Les souliers pluvieux, chaussés par mauvais temps pour parcourir le pays des garçons perdus.
La grosse écharpe qui noie dans un nid douillet, comme si l'on avait pas bougé du canapé ... (Zara)
À la prochaine,
Artemisia
Prochaine escale spatiale : Disneyworld sur Mars
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